"Oh l’imable paï, Gnia plu couma le nôtre,
Quan tou lou pras son vert et tou lou bla en flour
Quand le suli de maï de la terra faï sorte
Lou plu dzantia infrui (recorde) diein lou plu biou dzour !
Que la villa per tchan gardon ihoura fumeira !
La misera i cour per lou gran boulevar
Quand avuns (abion) la rousa, respiron la pousseïra ;
Vont-y dïen lou salon l’air de notri beue clar ?
Et lou conservuns bian tou notri caïr tranquilles
Tou notri tcharivou (peti tchami) à travers lou gran pi
Nostri villadzou loin, que varon bian la villa
Et notri gran routchié perdïu dïen lous sapi
Que faï bou, che sabia, per la saba nuvella
Quand l’aoura deu printin, faï tchanta lou aeuchaou
Quand l’ombra de lou beu faï poussa lazairella
Et que lou berdzaïrou les menont lous agnaou !
Lou bouquis tou lous an per notri pra reflurisson
Nou imbaoumon de loin tasque quo que sourtin
Las herbas sinton bou, méma aoutim que périsson (Stsa)
Et gardon le parfum du dzour que la coupun
Lou melliours de lou bla quoueï notri itïevadze
La truffa fan pertou, tou lou dzardïe (lou zor) son bou
Tou lou terrain son franc, méma lou vieu pacadze (patinunao)
Darbri couma lou notri, n’avum sin troba mé vé nou (yenne ma vé nou)
Non, gnia plus de païs couma notra montagna !
Le paradeï, te sou, se pouaïa maï vanta !
Che le Bon Dieu l’a faï plus vert que notra prada
Chera bou de moureï che le poudun monta !
Notri bour méma gran so bateï, von que chaïe,
A l’air, dzouta na fouan, soubre un chu, dïen vun creux,
Apina, Tchalancou, Sain Boune le Tchaté, Saint Meurize,
é Sain Pa et Bouïsse, Tirandzas, Monistreu !"
Traduit en français, le poème perd évidemment beaucoup de son charme, il n’y a plus guère de rimes et l’évocation est amoindrie !
"Oh l’aimable pays ! Il n’y en a plus comme le nôtre.
Quand tous les prés sont verts et tous les blés en fleurs !
Quand le soleil de Mai de la terre fait sortir
Les plus belles récoltes pendant les plus beaux jours !
Que les villes au loin gardent leurs fumées !
La misère y court par les grands boulevards
Quand nous avons la rosée, ils respirent les poussières
Où est dans les salons l’air de nos bois clairs ?
Nous les conservons bien, tous nos coins tranquilles
Tous nos petits sentiers à travers les grands pins
Nos villages au loin qui valent bien les villes
Et nos grands rochers perdus dans les sapins.
Qu’il fait bon, si vous saviez, par les sèves nouvelles
Quand le vent du printemps fait chanter les oiseaux
Quand l’ombre des bois fait pousser les airelles
Et que les bergerets y mènent les agneaux !
Et les fleurs chaque année dans nos prés refleurissent
Elles embaument de loin chaque fois que nous sortons
Les herbes sentent bon même quand elles périssent
Et gardent le parfum du jour où nous les coupons.
Les meilleurs des blés sont ceux de nos jachères
La pomme de terre vient partout, tous les jardins sont bons
Tous les terrains sont francs, même les vieux pacages,
D’arbres comme les nôtres il n’y en a que chez nous.
Non, il y a plus de pays comme nos montagnes !
Le paradis, tout seul, se pourrait mieux vanter !
Si le Bon Dieu l’a fait plus vert que nos prairies
Il sera bon de mourir si nous pouvons y monter
Nos bourgs même grands sont bâtis (peu importe)
A l’air, près d’un puits, sur un suc, dans un creux,
Apinac, Chalencon, Sain-Bonnet, Saint Maurice
Et Saint Pal et Boisset, Tiranges, Monistrol".