Un document intéressant extrait du bulletin historique de la société académique de la Haute Loire relatant l'étude démographique de St Pal en Chalencon et de St Paulé (partie comprenant les villages de Bost -Buisson, la Montzie et la Roche sur la commune d'Usson) lors de l'époque de la révolution avait été mis à jour en 1963 par Jean Merley, écrivain.
Ce document complet peut être demandé à Hervé Gerphagnon, propriétaire de celui ci.
Ce que vous allez découvrir maintenant n'est qu'un simple résumé.
Un des documents les plus surs, bien qu'un peu tardif, est le double recensement du 30 messidor an IV (18 juillet 1796) pour les communes de St Pal et de St Paulé. Constitué avec soin, il indique pour chaque habitant le nom, prénom, l'age, la profession, le domicile et l'époque d'entrée dans la commune. Cependant, trois difficultés, de faible importance à vrai dire, se présentent toutefois. Ce recensement ne concerne que les gens de plus de 12 ans, il a fallu reconstituer la population de moins de 12 ans en soustrayant des naissances survenues entre juillet 1784 et juillet 1796, les individus nés et décédés durant la même période, à l'aide des actes de l'état civil. Deuxièmement, les gens de l'époque exagérait toujours sur leurs ages, des problèmes se sont alors rencontrés mais vite rectifier et troisièmement, dans les différents hameaux, des termes différents s'appliquent pour la même profession.
D'excellente valeur également, bien qu'avec quelques réserves pour la période révolutionnaire est l'état civil de la paroisse de St Pal. La seule difficulté provient de l'inscription des actes du hameau d'Espinassolles sur les registres d'Usson et de ceux de Chassagnoles sur ceux de St Pal. Il a suffi, en fait de soustraire les actes de Chassagnolles des décomptes, les lacunes provenant de l'absence des actes d'Epinassolles (six maisons) étaient négligeables...
La commune de St Pal en Chalencon compte en 1796, 1982 individus répartis, dans le cadre du recensement de l'an IV comme suit : Moins de 12 ans, 329 hommes et 314 femmes soit un total de 643. Pour les plus de 12 ans, 627 hommes, 712 femmes soit un total de 1339. Ces chiffres font apparaître un important pourcentage des classes jeunes des moins de 12 ans soit 32,4%.
On remarque par exemple le résultat d'une baisse accusée des naissances entre 1781 et 1785 coïncidant avec une hausse de décès entre les mêmes dates. Par contre le creux prononcé des classes de 20 à 28 ans à cette période résulte très partiellement du mouvement naturel, bien plus des pertes dues aux campagnes de 1793 à 1795, dont on a de multiples témoignages qui ont lourdement pesé sur les mobilisés de la Haute-Loire.
Le taux élevé de la mortalité s'explique surtout par le taux de mortalité infantile. Sur 511 décès relevés de 1786 à 1795, 224 soit 43,9% sont intervenus à un age inférieur à 5 ans dont 145 dans la première année. A l'opposé, 105 décès seulement, soit 20,6% se sont produits à un age supérieur à 60 ans.
Si le recensement ne nous permet pas de reconstituer avec certitude l'état des familles, la mobilière nous permet de déceler en partie la situation familiale des chefs de famille. Importance des célibataires (25,1%), celle, somme toute modeste des familles nombreuses (18,4%).
Voici les chiffres :Le recensement nominal de l'an IV indique par contre avec précision le profession de 1168 individus sur 1339 soit 87,1%. Encore convient-il d'ajouter que sur les 171 restants, 73 ont moins de 18 ans, enfants de cultivateurs pour la plupart qui doivent remplir une fonction dans l'exploitation paternelle et que plus de la moitié des 98 autres sont des hommes et des femmes âgées, vivant avec leurs enfants sans exercé d'activité. Ces remarques faites, on peut donc estimer que cette masse notable d'habitants de St Pal (12,9%) dont on ne connait pas la profession ne fausse pas la répartition professionnelle du reste de la population.
Pour les hommes, il y avait lors du recensement de l'an IV, 254 agriculteurs et 25 domestiques dans le secteur de l'agriculture ; 13 tailleurs et tisserands, 17 maçons, menuisiers, charpentiers et serruriers pour le bâtiment, 7 boulangers, meuniers et bouchers pour l'alimentation, 3 perruquier, matelassiers pour les services ; 25 scieurs, tourneurs et sabotiers pour le travail du bois ; 89 journaliers et manoeuvres ; 4 cabaretiers et aubergistes, 6 transporteurs, 24 marchands, 9 médecins, notaire, fonctionnaires et 3 domestiques dans le secteur des services ; 4 propriétaire ou rentiers, 50 militaires aux armées, 11 mendiants ou invalides pour les nons pourvus d'activité professionnelle.
Pour les femmes, il y avait à cette époque, dans l'agriculture, 26 cultivatrices, 107 ménagères et 10 domestiques ; dans l'artisanat 426 dentelières, 4 tailleuses et fileuses et 2 bouchères et boulangères ; pour les services, 1 aubergiste, 7 marchandes et 6 domestiques ; pour les nons pourvues d'activité professionnelle, 7 bourgeoises ou rentières, 7 femmes mariées sans état, 4 anciennes religieuses et 5 mendiantes.
L'étude socio-professionnelle de la commune au début de la révolution fait ainsi apparaître une population jeune, susceptible d'accroissement, ou l'agriculture n'occupe que le tiers de la population et qui possède un vaste éventails d'activités.
Mais au total c'est une tonalité générale de misère qui se dégage de l'examen des revenus mobiliers ou fonciers. Une masse imposante de prolétaires et de petits propriétaires pauvres voisinent avec quelques propriétaires moyens, seuls capables de vivre dans une relative indépendance économique et de rares propriétaires, lesquels au demeurant ne constituent pas une véritable aristocratie foncière étant donné la faible part du revenu global qu'ils détiennent et n'assurent aucun patronage, même moral, sur une démocratie de besogneux.
