La complicité religieuse qu’il existe entre Saint-Jacques-de-Compostelle et le Puy-en-Velay, explique la multiplication des statues de la Vierge, du Moyen-Age jusqu’au XIXe siècle, sur l’ensemble des chemins du pèlerinage qui traversent la région Auvergne. L’existence d’une de ces voies d’accès à proximité du village de Saint-Pal-en-Chalencon, justifie la présence de la Vierge Noire dans la chapelle de l’hospice des Religieuses Hospitalières, lieu d’accueil pour les malades, mais aussi des pèlerins venus chercher auprès de cette Mère « guérisseuse », soin et réconfort avant d’arriver au Puy.
Malgré l’absence d’information concernant les conditions dans lesquelles la Vierge Noire de Saint-Pal a été commanditée, l’étude stylistique que nous avons réalisée sur la statue, offre plusieurs critères d’anciennetés.
Le traitement des visages et des chaussures qui présente de fortes similitudes avec la gravure de la Vierge du Puy par Veyrenc, est proche du XVIIe siècle, puisque par la suite ceux-ci seront quelque peu modifiés pour s’adapter aux canons de beauté de l’époque.
La forme droite du manteau cachant l’ensemble des corps, coïncide avec les premières formes « en cloche », datant du XVIe et XVIIe siècles.
En ce qui concerne la coiffe, elle rappelle étrangement le voile portée par la Communauté des Religieuses Hospitalières. Cette similitude nous incite à penser que cette statue avait été confectionnée dès l’origine pour être placée dans la chapelle de l’hospice de Saint-Pal. Par conséquent, son exécution ne pourrait pas être antérieure aux années 1670, période à laquelle fut fondée cette communauté.
Ces critères stylistiques de datation ont jusqu’à aujourd’hui, incité la Conservation des Antiquités et Objets d’Arts de la Haute-Loire, à placer la réalisation de la Vierge Noire de Saint-Pal, à la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècle . Il semble que les informations obtenues à la suite de l’analyse des matériaux constitutifs de la Vierge Noire, aient été mal interprétées.
En effet, le bleu de Prusse que l’on retrouve sur le vêtement de la Vierge n’a pu en aucun cas être employé en peinture avant la date de 1724. Cette information scientifique et historique sur la nature des pigments utilisés pour la réalisation de la Vierge Noire de Saint-Pal, est une preuve incontestable de son exécution au cours du XVIIIe siècle.
A l’heure actuelle, les analyses scientifiques en art, telles que la datation du bois au carbone 14 et la dendrochronologie, mais également l’étude des constituant de la couche picturale grâce à la chromatographie en phase liquide ou gazeuse et la diffraction X , permettraient une datation plus précise de cette œuvre.
Pour conclure, exécutée au cours du XVIIIe siècle, après la date de 1724, la Vierge Noire de Saint-Pal n’en reste pas moins influencée, de par ses formes archaïques, par des modèles beaucoup plus anciens, proche du XVI et XVIIe siècles. Ces exemples sont nombreux dans toute l’Auvergne et une étude comparative permettrait de les identifier. Ce travail reste encore à réaliser.
