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Il castello originale

Il va sans dire (mais peut-être ira-t-il mieux en le disant) qu'il n'a pas toujours existé de châteaux forts, et que le « temps des seigneurs » ne remonte pas au déluge. Les plus anciens châteaux ne sont guère antérieurs à l'an 900, et à cette date il y avait belle lurette que la plupart de nos villages avaient vu le jour, la plupart du moins de ceux dont le nom n'est pas précédé de l'article.

De ces châteaux forts construits ensuite au cours des siècles, certains ont été établis, à cause de la valeur stratégique de l'endroit, en des points qui n'étaient pas ou peu habités. Le plus grand nombre l'ont été pour défendre des centres de peuplement. Tel fut le cas de celui de St-Pal.

Mais pour comprendre ce qui s'est passé, force est de revenir un peu en arrière. L'empereur CHARLES (742-814), au nom de qui la postérité a joint le qualificatif de grand (en latin magnus, les deux termes étant encore séparés au temps de la chanson de Roland : Carles li Reis, nostre emperere magnes... )

Charlemagne donc avait repris, dans son principe, la division territoriale de l'empire romain. A la tête de chaque pays ou province il avait placé un comte, représentant du pouvoir central, choisi parmi les familles les plus en vue de la région. Le comté était lui-même subdivisé, dans le Midi, en vigueries (altération populaire de vicairie), de l'étendue de nos cantons, administrées par un vicaire ou viguier, lui aussi pris sur place par le comte. Ces charges, qui, au début, n'étaient nullement héréditaires, ne tardèrent pas à le devenir ; bon gré mal gré, Charles le CHAUVE dut légaliser cet état de choses en 877, par le Capitulaire de QUIERZY, qui marque ainsi la naissance officielle de la féodalité.

C'est qu'en effet l'ordre carolingien dura peu. Les troubles des invasions, l'affaiblissement du pouvoir central amena comtes et viguiers à ne plus compter que sur eux-mêmes pour assurer leur sécurité. Les premiers seigneurs succéderont ainsi aux viguiers, les premiers mandements seigneuriaux aux vigueries. Il est généralement admis que, de ce fait, les plus anciennes seigneuries ont eu la vaste étendue d'une viguerie.

Or, cela a bien été le cas à St-Pal. La donation de Pierre de BEAUMONT en 1160 nous révèle qu'encore à cette époque le mandement seigneurial de St-Pal dépassait de loin les limites de la paroisse. Certes le prieur de CHAMALIERES n'avait à mentionner, les rentes dont il faisait cession à son monastère ; telle quelle pourtant, cette nomenclature suffit à nous montrer que ce mandement s'étendait fort avant sur la rive droite de l'ANCE, puisqu'il englobait ORCEYROLLES, PLASSAC, THEUX, FRAISSE-St-GEORGE, et que, du côté opposé, il allait au moins, par delà BOISSET et TIRANGE, jusqu'à DROSSANGE.

Imaginons donc la situation du descendant de l'une de ces familles qui depuis longtemps jouaient, sur le plan, local, un rôle de première importance. Au-dessus de lui, plus d'autorité réelle : le comte est loin, et souvent fort occupé à défendre ses propres domaines, le roi est impuissant. Au-dessous, la cellule de base qu'est la famille ne saurait pourvoir seule à sa sécurité. Serais-ce le retour à la loi de la jungle ? Son salut, il le sent, est lié à celui des autres, tout, comme celui des autres l'est au sien de par la force des choses, il va donc tenir le rôle de chef, concentrer dans ses mains tous les pouvoirs sans lesquels il n'est pas de société, si réduite soit-elle. Pour assurer l 'ordre, il sera administrateur, justicier, à chacun il fixera sa tâche et, ses redevances. Avant tout, il défendra les siens à la pointe de 1'épée. Pour ce faire, il lui faudra des homme d'armes et de solides défenses, capables d'abriter, en cas de besoin, sa troupe et les plus proches de ses sujets. Le goût de l'autorité et de l'action, 1'ambition même, faut-il le dire, s'accommoderont fort bien, trop bien même parfois, de ces nécessitée.

Ce que fut ce château, primitif, nous ne pouvons le savoir. Sans doute une sorte de maison forte, plus solidement maçonnée, plus efficacement, protégée que celle des simples domaines ruraux, et qui ira en s'agrandissant, en se renforçant de génération en génération. Il est probable que les masses rocheuses qui servent d'assises au château actuel furent utilisées des le début ; il est même possible que telle ou telle partie de l'ancienne construction ait été conservée, ne serait-ce que cette tour très différente des autres, moins imposante, qui avoisine le clocher. L'église primitive, plus réduite qu'aujourd'hui, se trouvait elle-même intégrée dans ce système de défense : protégée par le châteaux, elle contribuait à sa protection.

Pas davantage nous ne saurons jamais quels furent les premiers seigneurs de St-Pal. Ici, ce n'est pas tant. 1'absence de documents qui est en cause. C'est, plus irrémédiablement, le mode de désignation des personnes au début de l'âge féodal. Durant toute la période gallo-romaine, le système onomastique, hérite de ROME, avait été fort précis puisqu'il comprenait prénom, nom de famille et, surnom. Ce système s'effondra au moment des Grandes Invasion, et rien mieux que cet écroulement m'atteste 1'offroyable confusion des esprits. Désormais, pendant des siècles, seul subsistera le nom individuel, auquel 1'Eglise, en 1'imposant au baptême, conféra toute sa valeur. Mais on juge si, en pratique, il est aisé de s'y reconnaître : Ce n'est guère qu'à partir des Croisades et des vaste rassemblement d'homme qu'elles provoquèrent que, par la force des choses, pour réagir contre les inconvénients de ce procédé sommaire, la coutume se généralisera chez les possesseurs d'une terre, de faire suivre leur nom de baptême du nom de cette terre, qui deviendra ainsi peu à peu nom de famille héréditaire.

Il est donc possible que parmi les plus anciens bienfaiteurs du cartulaire de CHAMALIèRES (le seul document de 1'époque qui nous soit parvenu) figure, en fait, tel ou tel des premiers seigneurs de St-Pal qui sait ? Peut-être ce DALMACE qui, en 1037 disposait, de concert avec son épouse Aldeiardis, en faveur du monastère, d'une manse sise dans le village, disparu depuis sans laisser de trace, du MONTEIL, paroisse due St-Pal ? Peut-être l'un ou l'autre de ces témoins d'actes intéressant la région ? Ou encore ce REGINARD dont le nom subsiste, déformé, dans celui du pont qu'il dut faire construire, le Pont-Renard ? Mais comment identifier quelqu'un au seul su de son prénom?

En tout cas, il est exclu que les premiers seigneurs de St-Pal aient pu être les CHALENCON. Vers 1040, en effet, ceux-ci n'étaient même chez eux, en effet, ceux-ci n'étaient même chez eux, en ce qui concerne la chapelle de CHALENCON et l'église de St-ANDRE, que les vassaux des BEAUMONT. C'est ainsi qu'un certain Gérald de CHALENCON ayant fait don, à cette époque au couvent de CHAMALIèRES de la chapelle et de l'église, force fut ensuite au prieurs d'obtenir d'Etienne de BEAUMONT cession de son droit de haut domaine, moyennant la somme, considérable pour l'époque, de cent sous.

Il est probable, par contre, qu'il y eut, dès l'origine, quelque rapport entre la famille de BEAUMONT, qui avant même le début de la féodalité avait étendu de puissantes ramifications dans toute la région, de la CHAISE DIEU à BEAUZAC et à YSSINGEAUX, et les premiers seigneurs de St-Pal. Mais de quelle nature était exactement ce rapport ? Les premiers seigneurs de St-Pal descendaient-ils des BEAUMONT ? N'en étaient-ils que les clients ? Y avait-il eu des alliances matrimoniales entre les deux maisons ? C'est ce qui nous échappe.

Ce problème est lié à un autre, non moins insoluble. Comment, en 1264, le château et le mandement de St-Pal se trouvaient-ils entre les mains de Bertrand de CHALENCON ? Faisaient-ils partie des biens qu'Egline, la dernière des BEAUMONT, lui avait apportés en mariage ? Ou lui venaient-ils d'ailleurs, ses parents ayant pu en hériter, comme lui-même des BEAUMONT ? Résignons-nous à l'ignorer.

Le certain, c'est que ce riche mariage, non moins que l'inféodation de St-Pal au comte de FOREZ, avaient donné à la maison de CHALENCON un éclat nouveau. Cet éclat augmentera encore sous les descendants de Bertrand : son petit-fils Guillaume, qui succéda directement à son grand-père, décédé à un âge très avancé, et mourut lui-même en 1327 ; son arrière-petit-fils Guyot, mort vers 1342 ; Enfin le fils de Guyot, Guillaume ( appelons le Guillaume II pour le distinguer de son grand-père) dont le mariage avec Walburge de POLIGNAC vaudrait à sa maison de succéder aux puissants vicomtes.

Durant toute cette période, on dirait volontiers, si l'expression n'était entachée de quelque incohérence, que les CHALENCON ont eu pied dans trois provinces : le VELAY, le FOREZ, l'AUVERGNE.

Seigneurs vellaves, ils le restent au premier chef. L'hommage que, bon gré mal gré, leurs ancêtres avaient dû rendre aux évêques du PUY, ils le renouvelleront désormais sans la moindre gêne à chaque génération. Cet hommage vise expressément les châteaux et mandements de CHALENCON et de CRAPONNE, le péage du PONTEMPEYRAT et le fort d'ORCEYROLES.

Le rang qu'ils occupent dans la noblesse vellave veut qu'ils possèdent au PUY un hôtel particulier, grâce auquel ils peuvent assister aisément aux grandes solennités religieuses. C'est dans cet hôtel notamment que Guillaume mourra en 1327 et que son petit-fils Guillaume II réglera en 1392 les funérailles de son oncle, doyen du Chapitre.

Ils ont leur sépulture dans l'église du prieuré de Chamalières, doté par eux à différentes reprises. Guillaume demande ainsi en 1324 à être inhumé dans le tombeau construit par lui devant la chapelle où reposent ses ancêtres. Son petit-fils l'y rejoindre.

Par ailleurs, la maison de CHALENCON, qui avait déjà donné deux évêques au PUY au début du XIII° siècle et lui en donnera un autre en 1418, ne cessera de faire de ses cadets, à chaque génération, des chanoines et des doyen du Chapitre du PUY, des chanoines de BRIOUDE et de CLERMONT, des moines, dont l'un deviendra prieur de CHAMALIèRES.

Il n'est pas étonnant, dans ces conditions, que Guyot de CHALENCON figure en bonne place parmi les seigneurs du VELAY qui, en 1336, interjettent appel au Conseil du roi d'une contribution abusive imposée sur leurs sujets pour la réparation du port d'AIGUES-MORTES.

Par contre, il semble bien que les CHALENCON n'oublièrent pas la cruelle mésaventure de Bertrand et qu'ils montrèrent moins d'empressement à servir les comtes de FOREZ. Néanmoins noblesse oblige. Dans l'acte de 1314 portant alliance entre les nobles et religieux de FOREZ et les nobles de BOURGOGNE, en vue de s'opposer aux subventions indues que Philippe le BEL prétendait lever sur eux et leurs sujets, « Guillaume, sire de CHALENCON » est nommé le second, immédiatement après Bertrand de la ROUE.

Seigneurs auvergnats par l'important fief de BEAUMONT, pour lequel ils rendent hommage aux comtes de CLERMONT, c'est dans cette province que les CHALENCON s'efforceront surtout d'étendre leur influence. En 1318, Guillaume de CHALENCON, qui avait déjà pris part à la guerre de FLANDRE et contribué avec ses hommes au succès de nos armes, est mandé à CLERMONT en compagnie d'autre seigneurs pour une nouvelle chevauchée et répond avec empressement à cette invitation. Fût-ce cette fidélité qui lui valut les bonnes grâces de Jean, dauphin d'AUVERGNE, comte de CLERMONT ? Toujours est-il que celui-ci n'hésita pas à donner en mariage sa fille Isabelle au fils de son vassal, Guyot. Rien d'étonnant, dès lors, que ce soit aux côtés de son beau-père que Guyot soit allé guerroyer en 1340 contre les Flamands révoltés, soutenus par l'ANGLETERRE, et aider à les mettre en déroute. La même année, le dauphin Jean le nommait son exécuteur testamentaire et léguait, par la même occasion, mille livres tournois à Dauphine et Marguerite de CHALENCON, ses petites-filles. Par bonheur pour les CHALENCON, il n'était pas question, cette fois, de tutelle !

Ces bons rapports entre les deux familles continuèrent. C'est ainsi que nous voyons Guillaume II, fils de Guyot, témoin des fiançailles de BERAUD Dauphin et son arbitre dans une affaire relative à son mariage.

Plus tard, Louis-Armand, petit-fils de Guillaume II, devenu seigneur de BEAUMONT du vivant de son père, Pierre de CHALENCON, prêtera à ce titre en 1428 serment de fidélité à Charles de BOURBON, comte de CHALENCON. Trois ans après, il recevra, toujours comme seigneur de BEAUMONT, sa part d'une indemnité octroyée par le roi aux seigneurs d'AUVERGNE, en dédommagement des pertes subies par eux du fait des bandes de routiers commandées par Rodige de VILLANDRADO.

Ainsi engagés dans trois provinces, obligés par leurs devoirs de vassaux, c'est quand ils ne guerroyaient pas, de courir de CHALENCON au PUY, du PUY à MONBRISON ou à CLERMONT, sollicités par tant de soins, on juge si les CHALENCON pouvaient s'occuper personnellement de leur seigneurie de St-Pal. Tout au plus y faisaient-ils quelque séjours plus ou moins prolongés, eux ou leurs dames, lorsque celles-ci, lassées du cadre austère de leur nid d'aigle féodal, éprouvaient le besoin de l'échanger un temps contre un site plus riant.

Habituellement, ils étaient représentés à St-Pal par un châtelain, qui jouait le rôle de gouverneur du château, veillait à la prestation des cens et autres redevances féodales, et, sous le titre de lieutenant et avec l'aide d'un sergent et de quelques gens d'armes, assurait l'ordre public et notamment la bonne tenue des foires et des marchés. La justice était rendue en leur nom, à la cour de St-Pal, par un juge qu'assistait greffier, avocats, procureurs et praticiens. Cette cour sanctionnait, aux criminels les délits, et s'efforçait, au civil, de concilier les parties qui lui soumettaient leur différent, ou sinon de le trancher. De cette sentence appel pouvait être interjeté à la Cour royale établie à BOST-BUISSON dans le courant, semble-t-il, du XIII° siècle.

Durant toute cette période, le château de St-Pal resta la propriété de l'aîné de la maison de CHALENCON. Cette seigneurie était trop importante, elle permettait trop de prendre rang dans la noblesse forézienne, pour qu'il puisse être question d'en faire l'apanage d'un cadet. Une exception cependant : à la fin du XIV° siècle, une veuve de la famille en reçut la jouissance. Ce fut là une conséquence de l'une de ces luttes intestines, il faudrait même dire dans le cas présent fratricides, qui assombrirent si souvent le moyen-âge.

ALICE de CHALENCON, fille de GUYOT, avait contracté un mariage fort avantageux en épousant ARMAND d'ALLEGRE, seigneur d'ALLEGRE, CHOMELIX-LE-HAUT et St-Just. Le malheur voulut que les terres de son mari fussent voisines de celle de son oncle, autre GUILLAUME de CHALENCON, chanoine du PUY, qui avait reçu en apanage CHOMELIX-LE-BAS. Or l'âpreté que leurs manants mettaient à défendre leur lopin de terre fût-ce contre un parent, les seigneurs d'alors en témoignaient dés qu'étaient en cause les limites ou les prérogatives de leurs juridictions. Que se passa-t-il exactement, on l'ignore. Toujours est-il que se croyant lésé, ARMAND d'ALLEGRE, d'un caractère impulsif et violent, se mit à ravager les terres du chanoine.

Son neveu, Guillaume de CHALENCON, chef de la famille et beau-frère d'ARMAND, vit rouge. Pour venger le chanoine, il réunit une troupe et porta la dévastation jusqu'au porte d'ALLEGRE. Bien plus, un jour qu'ARMAND s'était rendu à la "chaise-dieu", il lui tendit traîtreusement une embuscade sur le chemin du retour, le fit prisonnier et l'emmena en captivité de forteresse, de CHALENCON à TOURNON, jusqu'à ce qu'enfin, au bout de huit mois, un arrangement à l'amiable intervint entre eux.

Les épreuves d'ALICE n'étaient pas finies. ARMAND d'ALLEGRE devait trouver la mort peu après, en 1361, en défendant son château contre les compagnies anglaises. N'ayant pas d'enfant, il avait légué ses bien à son neveu BERTRAND de SENECTERRE. Mais, ne tenant pas rigueur à son épouse des outrages reçus de son beau-frère, il lui laissait jusqu'à sa mort la jouissance du château d'ALLEGRE. BERTRAND de SENECTERRE ne l'entendit pas de cette : l'idée qu'une CHALENCON puisse posséder le château de son oncle lui parut insupportable. Il vint donc un soir rendre visite à sa tante, et à peine entré, il la fit jeter dehors par son escorte. La malheureuse n'eut plus qu'un désir, celui de se venger.

Dans ce but, elle négocia avec le duc de BERRY, frère de CHARLES V, en lui offrant, moyennant la sauvegarde de ses droits, le patrimoine de la maison d'ALLEGRE. Le duc accepta, assiégea ALLEGRE et en évinça BERTRAND. Mais il garda tout pour lui, ou plutôt tout pour son favori, MARTINOT de TOUZEL. Alice était vengée, mais cruellement dupée. Allait-elle connaître le sort de JEAN sans TERRE ? Guillaume de CHALENCON, son frère, comprit qu'il lui devait une compensation pour un préjudice dont il se sentait indirectement responsable : il lui accorda la jouissance du château de St-Pal.

Elle acheva donc dans le vieux manoir de ses ancêtres une existence singulièrement assombrie par tant de démêlés. Du moins l'amertume de son échec final dut-elle être adoucie par le plaisir de retrouver une demeure où, tout enfant, elle avait fait d'heureux séjours, aux côtés de son père GUYOT, de sa mère ISABELLE, de ses sœurs... Elle mourut à St-Pal et y fut enterrée.

Après elle, le château fut repris par GUILLAUME. Sans doute le logis principal avait-il été restauré pour accueillir ALICE, ce qui expliquerait que GUILLAUME y ait ensuite volontiers séjourné. Il y testa même le 22 mars 1407.

Sous son fils PIERRE, décédé en 1442, la maison de CHALENCON allait atteindre le tournant décisif qui la conduirait à succéder aux POLIGNAC. En effet, l'oncle maternel de PIERRE, Armand de POLIGNAC, n'ayant pas de fils, avait, par testament de 1381, institué pour héritier son frère RANDON, et, après lui, le fils de RANDON, RANDONNET. Que si ce dernier mourait sans enfant, la vicomté reviendrait à son neveu PIERRE de CHALENCON, fils de sa sœur WALPURGE, à charge pour lui de prendre les nom, cri et armes des POLIGNAC.

RANDON mourut en 1421, déjà précédé dans la tombe par son fils RANDONNET. Mais, contrairement aux volontés de son frère, il avait testé en faveur de petit-fils ARMAND de MONTLAUR : il estimait qu'ayant succédé de plein droit à son frère, il pouvait disposer à son gré de l'héritage. Il ne restait plus à PIERRE de CHALENCON ainsi évincé qu'à attaquer le testament devant le Parlement de PARIS. Le procès fut interminable. PIERRE mourut sans en avoir vu la conclusion. Son fils LOUIS-ARMAND le reprit : il ne se termina qu'en 1464, par l'annulation du testament. Les CHALENCON devenaient ainsi, en fait, vicomtes de POLIGNAC, comme ils l'étaient, en droit, depuis 1421.

La conséquence fut importante pour St-Pal, qui cessa dès lors d'appartenir à la branche aînée des CHALENCON. Devenus vicomtes de POLIGNAC, ceux-ci pouvaient désormais disposer d'apanages en faveur des cadets. Or justement le fils cadet de LOUIS-ARMAND, LOUIS, avait été fiancé tout jeune à une riche héritière, ANTOINETTE de ROCHEBARON, l'unique enfant de GUIGUE, tué prématurément à la guerre. Les conventions matrimoniales allaient stipuler que leurs descendants relèveraient le nom et les armes des ROCHEBARON. Néanmoins le fiancé ne pouvait se présenter les mains vides devant le notaire. LOUIS-ARMAND ne lésina pas : à son cadet il donna les seigneuries de St-Pal et de TIRANGES.

Ce changement s'accompagnerait d'un autre. Le château tombait de vétusté. Or la guerre de Cent ans avait montré que mieux valait un château fort rasé qu'un château fort à demi ruiné, que des bandes de routiers prenaient aisément et transformaient ensuite en repaire de brigands. On ne pouvait décemment raser le château de St-Pal. Reconstruction fut donc décidée.

Ainsi, pendant deux siècles, les CHALENCON avaient possédé le château primitif. Désormais, durant le même laps de temps, la seconde race des ROCHEBARON allait posséder le nouveau château de la Renaissance. Mais ceci déborderait du cadre de la notice.

*Nom féminin. étude, science des nom propres et spécialité des nom de personnes.

*Nom masculin. Recueil de chartres contenant la transcription des titres de propriété et privilèges temporels d'une église ou d'un monastère.

*Nom féminin ou masculin. Petit domaine féodal constituant une unité d'exploitation agricole.

Site de Saint Pal de Chalencon (43500)
réalisé par Fabien PRORIOL
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