A la suite des analyses réalisées sur la couche picturale de la Vierge Noire de Saint-Pal et au vue des multiples restaurations malhabiles effectuées au fil du temps, la Conservation des Antiquités et Objets d’Arts de la Haute-Loire prit la décision de la restaurer dans les années 80.
Malgré le manque d’informations concernant les étapes de restauration, nos observations nous ont permis de reconstituer les conditions dans lesquelles la statue nous est parvenue jusqu’à aujourd’hui.
De nos jours, la charpente de bois qui constitue la Vierge Noire de Saint-Pal, présente certaines marques d’altérations qui ont pu faire l’objet de traitements au cours de cette campagne de restauration.
La statue présente des vermoulures, lacunes résultant de l’attaque d’insectes appelés xylophages . Ils se nourrissent de lignine et de cellulose présentes dans le bois. Ces altérations qui apparaissent sous la forme de trous et de galeries creusées dans le bois, demeurent irréversibles. Toutefois, l’absence de toute trace de poussière de bois au niveau des trous, résidus laissés par les insectes sur leur passage, montre que la statue a du être traitée chimiquement, à l’aide d’un liquide ou d’un gaz . Cette intervention aurait pu être complétée par une imprégnation de résines modernes vinyliques ou acryliques.
Plusieurs fentes de quelques centimètre de long et quelques millimètres de profondeur, apparaissent sur le manteau de la Vierge. Outre les variations climatiques et l’humidité qui ont pu entraîner l’anisotropie du bois au fils du temps, il semble que les zones du support affaiblies par les attaques biologiques soient à l’origine des ruptures du bois. Le traitement biologique des xylophages a pu stopper l’évolution de ses fentes qui n’ont pas fait l’objet au cours de cette restauration, de consolidations particulières.
Malgré l’absence d’informations à propos des restaurations réalisées sur la couche picturale, nos observations ont permis de définir les différentes étapes d’interventions, ainsi qu’émettre certaines hypothèses concernant les produits employés.
Les visages de la Vierge et de l’Enfant ont été repeint au cours de cette restauration. L’épaisse couche picturale, ainsi que l’extrême noirceur quelque peu brillant du visage actuel, démontre l’emploi d’un noir glycérophtalique, peinture à base de résine synthétique dérivée du glycérol et de composés phtaliques.
Comme nous avons pu le voir précédemment, les analyses scientifiques ont démontré la présence de bleu de Prusse sur le manteau. Soucieux de rétablir une lecture authentique de l’œuvre, la Conservation des Antiquités et Objets d’Arts de Haute-Loire a fait procéder à des restaurations, afin d’ôter les anciennes interventions et restituer cette couche picturale dans son état d’origine. Stable à la lumière et à la chaleur, le bleu de Prusse ne craint pas les acides et l’hydrogène sulfuré, ce qui fait qu’il ne réagit pas au contact de nombreux produits. Par contre, il ne résiste pas aux alcalins, ce qui empêche son utilisation dans la réalisation des fresques. Malgré l’usure du temps, cette stabilité chimique a pu contribuer à la bonne conservation du pigment sous plusieurs autres couches de peinture.
Les parties dorées ont été localisées sur les bords et le devant du manteau, ainsi que sur la coiffe, grâce au sondage réalisé par la Conservation des Antiquités et Objets d’Arts. Aucune information n’a permis de déterminer si ces parties avaient été à l’origine, dorées « à la feuille » ou bien à l’aide de pigments. Il semble qu’elles aient été rétablies, après avoir ôter les anciennes restaurations, à partir de l’application de pigments dorés dans un liant.