La Vierge Noire de Saint-Pal-en-Chalencon est une sculpture taillée en ronde-bosse dans un bois dur et lisse, dont l’essence n’a pu être déterminée.
A l’image de celle du Puy, le groupe de la Mère et de l’Enfant est d’assez petite taille, mesurant 66 centimètres de haut et 35 centimètres de large.
Toutefois, sa polychromie ne présente pas les mêmes caractéristiques d’exécution. En effet, la Vierge Noire de Notre Dame du Puy était recouverte d’une toile marouflée, recouverte de gouache, puis d’une épaisse peinture à la détrempe, technique couramment employée au Moyen-Âge. Celle de Saint-Pal est directement peinte sur bois, selon une technique picturale associant des pigments en poudre à un liant dont nous ignore la nature.
La Mère et le Christ se présentent frontalement, face aux fidèles, dans une attitude hiératique prononcée, telle la plupart des Majestés auvergnates.
Critère commun au groupe des Vierges Noires dites « en cloche », issu du modèle de celle du Puy, son manteau sculpté ne laisse paraître que les deux visages et les pieds de la Vierge. Les vêtements de dessous, les bras, les mains et les jambes sont dissimulés sous la tunique. Rien n’indique que la Mère soit assise sur un trône et que l’Enfant soit posé sur ses genoux.
Le visage noir de la Vierge de Saint-Pal est proche de celui de l’authentique Vierge Noire du Puy. Il présente des traits fins et anguleux, un nez aquilin, des yeux peu expressifs peints en amande – une pupille noire sur un fond blanc fixant le lointain – une bouche plutôt mince – peinte en rouge – sans aucun sourire, ainsi qu’un petit menton.
Cette même traits se retrouvent sur une Vierge Noire datée du XVe siècle. Conservée dans une collection particulière, cette statue – la plus ancienne qui nous soit parvenue – est considérée de par des textes anciens et des similitudes iconographiques avec la gravure de Veyrenc, comme l’image la plus proche de celle de l’authentique Vierge Noire du Puy, détruite à la Révolution.
Quant au visage de l’enfant, il offre des traits proches de celui de la Mère tout en restant poupin, comme l’était la statue « primitive » du Puy, selon la description de Faujas de Saint Fond en 1778.
Caractéristique du groupe statuaire des Vierges Noires dites « en cloche », La Mère et l’Enfant se présentent enveloppés dans le manteau, directement sculpté dans le bois. Il ne laisse paraître que les deux visages – celui de l’Enfant sort par une ouverture faite au manteau, donnant l’impression qu’il est collé à l’estomac de sa mère – et les pieds de la Vierge.
Il est peint d’un bleu uni, couleur de la Vierge Marie, et semble bordé d’une épaisse fourrure dorée, seule élément de décoration. Nous retrouvons également cette bordure sur la Vierge Noire en cloche du monastère de Sainte Claire, à de la fin du XVIIIe siècle.
Toutefois, à la différence de ce type iconographique de Vierges en cloche présentant une forme conique, le vêtement de celle de Saint-Pal est particulièrement droit. L’ampleur n’est visible qu’au niveau des épaules de la Mère et du Christ enfant, ainsi que par l’amorce de quelques plis peu marqués.
Au regard de l’ensemble de la production des Vierges Noires au manteau dans le département de la Haute-Loire , c’est à partir du VXIe siècle que ce type iconographique de la Vierge Noire s’amorce et c’est au XVIIIe siècle que le modèle conique se fixe définitivement. Par contre, il faut attendre la fin du XVIIe siècle pour que la tunique soit représentée cachant entièrement les corps.
Elle porte également de longues et fines chaussures noires entièrement figurées, ce qui est très rare. Leur forme rappelle celles de l’authentique « image » du Puy. Nous retrouvons également ce type de souliers sur la Vierge du monastère de Saint Claire.
La coiffure de la Vierge Noire de Saint-Pal marginalise cette représentation. En effet, contrairement à la Vierge du Puy et à la plupart de ses copies, celle de Saint-Pal ne porte pas de couronne.
Le manteau enveloppe entièrement les têtes dans une sorte de bonnet en forme de cagoule, terminé par un bandeau plat et cannelé, souligné d’un galon doré.
Cette sorte de capuchon se retrouve sur la robe d’une Vierge Noire sans manteau, mais cette dernière était tout de même couronnée . Ces similitudes pourraient-elles laisser supposer que la Vierge Noire de Saint-Pal aurait pu être à l’origine, surmontée d’une couronne ? Toujours est-il que les témoignages des villageois et du prêtre de la paroisse confirment qu’elle n’en a jamais porté.
Autre théorie émise et qui ne manque pas d’intérêt, fut celle de madame Vialet, conservateur des Antiquités et Objets d’Art de la Haute-Loire. Il s’agirait selon elle, d’une coiffe de paysanne – rappelant celles des paysannes des tableaux des Frères Le Nain – ou bien un habit de religieuse. Cette dernière hypothèse n’est pas sans rappeler que la statue appartenait aux Religieuses Hospitalières et qu’elle devait être, dans la chapelle de l’hospice, vénérée pour ses pouvoirs de guérison. Ainsi, l’habit de la Vierge Noire serait celui porté par la communauté, fondée au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle.
