Un clocher, par définition, est destiné à recevoir des cloches, et les cloches, d'ordinaire, sont placées dans les clochers. Il ne s'ensuit pas pour autant que l'histoire d'un clocher et celle de ses cloches se confondent. Ce qui va suivre le démontrera.
Le clocher de St Pal, tel qu'il se présente à nous, remonte pour l'essentiel à la fin du XV ème siècle. Beaucoup plus tard, en 1864, il a été exhaussé de quelques deux mètres pour recevoir l'horloge, et peu après surmonté d'une flèche.
Sur le clocher primitif nous n'avons aucune indication. Les dimensions de l'église du XII ème siècle étaient réduites. Tout le bas de l'édifice actuel, notamment, était occupé par le cimetière. Cette église du XII ème siècle était intégrée, elle aussi, à la défense du château, le clocher d'alors, situé à l'emplacement de l'avant dernière travée d'aujourd'hui, devait avoir la forme d'une tour massive, assurant la liaison entre la dernière tour du château au sud, et la tour encore existante du bourg fortifié, au nord.
Avant de faire reconstruire le château médiéval au profit de ses petits neveux les Chalancon-Rochebaron, Bertrand de Chalancon, alors évêque de Mende, se préoccupa de l'église paroissiale. L'accroissement de la population, la multiplicité des cérémonies liturgiques assurées par de nombreux prêtres sociétaires rendaient cette église bien exiguë. En commun accord avec l'abbaye de la Chaise Dieu, dont dépendait le prieuré de St Pal, un agrandissement fut décidé. Il ne pouvait se faire qu'au détriment du cimetière primitif, qui serait dès lors abandonné. Il ne semble pas cependant que les corps aient été exhumés et transférés dans le nouveau cimetière place de la Terrasse. Ce n'était point d'ailleurs, faire injure aux défunts. Au lieu d'attendre la bienheureuse résurrection à la porte de leur église, ils l'attendrait désormais à l'intérieur, privilège réservé jusque-là aux prêtres et à quelques rares familles.
Le nouveau clocher, construit en belles pierres de taille, en forme de tour carrée, offrait un aspect de grande puissance. Dressé presque au bord de l'escarpement, il surplombait une pente raide dévalant jusqu'à chandieu. Comment d'éventuels assaillants oseraient-ils attaquer St Pal de ce coté ? Les protestants pourraient se présenter plus tard, s'il leur plaisait : ils seraient bien reçus.
La construction terminée, la date ne semble pas avoir été inscrite nulle part. Néanmoins, une indication précieuse nous est fournie, à cette égard, par les sculptures qui se remarquent à l'arceau de la voute supportant la tribune. D'un coté de cet arceau est figuré le blason stylisé des Chalancon, écartelé de celui des Rochebaron. Or une seule génération a porté ces armes : celle de louis de Chalancon et de son épouse Antoinette de Rochebaron, leurs enfants devant relever le nom et les armes de leur mère, et de fait, c'est bien le blason seul des Rochebaron qui se voit ailleurs, notamment tout à coté, à l'arceau de la chapelle surbaissée de la nef sud. On ignore la date exacte de la mort des deux époux, elle a du survenir, semble-t-il avant 1480 ; c'est dire qu'à cette époque l'agrandissement de l'église et la construction du nouveau clocher était chose faites.
Le blason des Chalancon-Rochebaron, dont nous venons de parler, se trouve relié par une chainette au monogramme du christ, placé sur l'autre face de l'arceau. Il ne s'agit pas là d'un simple motif décoratif. La réunion des deux emblèmes présente une signification très nette. Elle atteste que l'église est la demeure du christ et de ses fidèles, mais que les seigneurs de St Pal en assurent la protection. Cette double appartenance était conforme aux idées du temps : les gens d'églises ne voyaient pas d'un mauvais oeil, il s'en faut, que les seigneurs laïques se chargent des réparations et de la défense des édifices religieux.
Le clocher terminé, les cloches, qui avaient du rester un temps silencieuses, rejoignirent leur nouvelle et spacieuse demeure. On peut se demander si, à cette occasion, une cloche de plus ne fut pas adjointe aux autres. S'il en fut ainsi, elle dut, avant d'être mis en place, être l'objet d'un véritable baptême, la liturgie chrétienne voyant dans les cloches des messagères de Dieu, habilitées à parler en son nom aux fidèles. Comme l'enfant nouveau-né, elle dut donc recevoir l'onction du saint-chrême, prendre un nom et une devise, avoir un parrain et une marraine, ainsi que nous le verrons à propos des cloches du XIX ème siècle.
Et l'activité des cloches de la paroisse reprit, pour ne plus s'arrêter qu'aux heures sombres de la terreur. Mises en branle par les bras vigoureux des fidèles, elles devaient à ce contact d'exprimer pleinement leur âme. Leur voix prenait tous les accents : joyeux, allègre, quand elles annonçaient à toutes volée les grandes fêtes ; les fêtes carillonnées n'étant pas un vain mot, les baptêmes ou les mariages, glas plaintif des funérailles, appel angoissé et terrifiant du tocsin. D'autres fois, avec plus de sénérité, elles convoquaient les prêtres de la paroisse à la récitation en commun de l'office : matines et laudes de bon matin, vêpres le soir. Ou bien, elles tintaient discrètement pour indiquer qu'un malade allait recevoir le saint viatique, et si ce malade faisait partie d'une confrérie, il était prévu qu'après la sonnerie de la cloche ordinaire il serait cloché par une des grosses cloches par 5 coups, à ce signal tous les confrères devaient se réunir à l'église pour accompagner, cierges en mains, le saint sacrement jusqu'à la chambre du malade et le réconforter ainsi par leur présence et leurs prières.
Vint la révolution, nos cloches, qui avaient si souvent détournée l'orage de leur paroisse, seraient impuissantes à écarter celui qui les menaçait elles-mêmes. Leurs sonneries parurent un jour une insulte à la république : elles furent interdites. Puis ce fut leur existence même qui sembla intolérable. En exécution d'un décret de la convention, le représentant du peuple en Haute Loire, le sinistre Solon Reynaud, par arrêté du 15 ventôse an II(5 mars 1794)invitait les municipalités à abattre les clochers, à mettre en pièces les cloches et à livrer le bronze à la nation pour en faire des canons. Douze jours plus tard, la municipalité de St Pal ou « plutôt de Montalet » emboitait le pas à Reynaud. Elle chargeait deux de ses membres, Jean Royer des Gouttes, maire de la commune, parfait illettré, mais sans- culotte chevronné, et Antoine Garbil, conseiller municipal, qui ne devait pas le céder en civisme, de surveiller la démolition du clocher et des cloches et de faire mettre en réserve tous les matériaux en provenant. En outre, les citoyens Claude Chadeurge et Jean Theillière étaient désignés pour opérer cette démolition. Néammoins, pas plus à Montalet que dans la plupart des autres communes, le clocher ne fut détruit. Solon Reynaud lui même avait conservé celui de la cathédrale, en alléguant le symbolisme de sa forme pyramidale et du coq qui le surmontait, lequel en se mouvant invitait les citoyens « à fixer leurs regards de tous cotés, afin de surveiller le salut de la république ». A Paris, d'ailleurs, le vent venait de tourner. Les fauteurs de l'athéisme et du culte de la raison, Hébert, Chaumette et leurs affiliés avaient été arrêtés dès le 13 mars, jugés et condamnés à mort. Robespierre restait le seul maitre. Et on ignorait pas qu'il avait désapprouvé les mascarades du culte de la raison, et qu'il méditait de leur substituer la fête plus pure de l'être suprême. La destruction des clochers pouvait attendre.
Il n'en allait pas de même de celle des cloches, dont le bronze était impatiemment réclamé. A dire vrai, ni Claude Chandeurge, ni Jean Theillère ne semble avoir été des fanatiques. Le second figurait non parmi les conseillers municipaux, mais parmi les notables, c'est à dire les plus riche propriétaires foncier de la commune. Quand à Claude Chandeurge(ou Chadurge) il devait à son instruction d'avoir été nommé par le premier conseil municipal, fort modéré, de Benoit Vassel, secrétaire greffier, et d'avoir conservé ces fonctions sous le règne du sans culotte Royer. La tourmente passée, nous le retrouverons en 1801 recteur des pénitents. Ne pouvant sauver les quatre cloches, les deux hommes s'attachèrent au moins à sauver la plus grosse en affirmant ce qui n'était pas dénué de vraisemblance que son poids rendit son déplacement très dangereux, et qu'il ne pouvaient courir le risque mortel d'être entrainer dans sa chute. Un peu partout, d'ailleurs on garda une cloche afin d'être en état le cas échéant de sonner le tocsin, si la patrie était en danger. Les autorités fermèrent donc les yeux.
Mais les trois autres cloches ne purent échapper à leur destin. Arrachées à leur montants, elles furent précipitées dans le vide, et dans un grand bruit sacrilège se fracassèrent sur le sol. Quelques semaines plus tard, un agent de la nation vint en prendre livraison et surveiller leur transport à Monistrol. La décharge donnée par lui à la municipalité précise le poids des cloches brisées : il était respectivement de 1 550, 465 et 325 livres soit 775, 232 et 162 kilos, la plus petite de ces cloches était la propriété des pénitents. A cela s'ajoutèrent quelques objets de bronze, notamment une petite cloche, un bénitier et une sonnette appartenant à la chapelle du château et quelques objets de cuivre. C'est ainsi un butin de 2787 livres qui fut entassé dans quatre grandes voitures et prit le chemin de Monistrol sous le regard indigné des honnêtes gens.
Aux termes de la loi, notre clocher devait demeurer muet de longues années encore, toute sonnerie de cloches restant interdite sous le directoire et le début du consulat. Néanmoins, a une période d'accalmie relative, la grosse cloche put de nouveau se faire entendre, grâce au courage des femmes de St Pal, l'épisode vaut d'être conté.
Le directoire avait rétabli la liberté du culte, mais non son exercice public. Les églises demeuraient closes. En plusieurs endroits cependant, les fidèles, exaspérés de tant de brimades, s'emparèrent de la clef de leur église, la rouvrirent et les prêtres réfractaires vinrent y célébrer la messe. Cela s'était fait à tiranges et à Boisset. Nos vaillantes St Palouses ne voulurent pas être en reste, malgré la présence à St Pal du commissaire cantonal, représentant du directoire. Un matin de décembre 1796(le 27 frimaire), elles s'assemblèrent en nombre devant la maison commune et demandèrent à être reçues par le président de l'administration municipale et le commissaire cantonnal. Introduites, elles se plaignirent d'être obligées « de courir dans la rigueur de la saison pour aller dans les granges et écuries entendre la messe », tandis que la « ci devant église paroissiale demeurait oisive ». Elles n'exigeaient pas une autorisation en due forme : qu'on ferme les yeux, qu'on leur donne la clef, tout se passerait discrètement. Au surplus, pourquoi ce qui se pratiquait ailleurs, ne se ferait-il pas à St Pal ? Plaintes, prières, tout fut inutile. Alors elles déclarèrent fièrement qu'elles sauraient agir.
Ce n'était pas vaine menace. D'un pas décidé, elles se dirigèrent aussitôt vers la maison du serrurier Bonfils, qui détenait la clef. En apercevant la troupe, le bonhomme eut froid dans le dos : il se sentit coincé entre le marteau et l'enclume. Il refusa d'abord de donner la clef. Mal lui en prit. En un clin d'oeil, il se trouva maitrisé, allongé sur le sol, cependant que des mains vigoureuses habituées à frotter le linge sur la pierre du ruisseau, lui caressaient rudement l'échine. Il ne lui restait plus qu'à livrer de mauvaise grâce ce qu'il avait refuser de bonne. Fières de leur victoire, ces St Palouses s'empressèrent d'ouvrir l'église et d'y inviter le clergé : le curé, André Fraisse, et ses deux vicaires, Mathieux deynieux et Dominique Dupuy, qui avaient tous refusé de prêter le serment sohismatique. Un peu honteux que les femmes leur aient fait la leçon, les hommes parlèrent haut et ferme : il y avait pour assurer l'exercice du culte des fourches dans les granges et des fusils aux rateliers. Et puisque les autorités n'avaient pas voulu de compromis, tant pis pour elles : la messe se célébrerait ouvertement, à grande volée de cloche. Une fois encore, le commissaire cantonal ne put que pleurnicher dans le giron du commissaire départemental, Montfleuri, fonctionnaire prudent et modéré. Les fanatiques de St Pal, lui écrivait-il à la fin de janvier 1797, invitent, au mépris de la loi »les citoyens de cette commune à l'exercice de son culte par son de cloche comme dans l'ancien régime ». Cédant à ses instances, Montfleuri finit par envoyer un détachement de troupe à St Pal pour assurer l'ordre. Cinquante hommes y arrivèrent le 28 février. Mais ils furent si fraichement accueillis, l'effervescence devint telle que bientôt le général Piston se résigna prudemment à les retirer. Cependant, après le coup d'état jacobin du 18 fructidor(4 septembre 1797), qui rouvrit l'ère des persécutions et de l'anarchie, le curé de St Pal, soucieux d'éviter des troubles sanglants décida que l'église resterait fermée et que la messe ne serait plus dite que clandestinement comme par le passé.
Le tunnel eut une fin. Au matin de Pâques de l'an de grâce 1802, soudain, à travers toute la France, se répondant joyeusement d'un clocher à l'autre, les cloches rescapées de la tourmente se mirent à carillonner à toute volée. Ce qu'elles annonçaient ainsi aux cités, aux campagnes, ce n'était pas seulement le résurrection du christ, c'était aussi et surtout la proclamation du Concordat, qui marquait la restauration officielle de la religion catholique.
A la voix grave, puissante, un peu fêlée peut être, de la grosse cloche épargnée, s'en mêlait une autre, plus grêle, mais pleine d'une juvénile ardeur, celle de la cloche que les pénitents avaient fait fondre, l'année précédente, à l'heure ou s'achevaient les négociations du Concordat. Elle subsiste encore, pèse 5 quintaux(250 kilos) et porte gravées, avec la date de 1801, les indications suivantes, qui nous renseignent parfaitement sur elle : -Societas confalonis Saint Pal en Chalancon. Cantabo domino canticum novumlaus ejus in ecclesia sanctorum. Je m'appelle Jeanne Marie, reine des anges. Les confalons m'ont payée, je leur appartient de plein droit. J'ai été bénite par M. Cenat de l'herm, docteur en théologie, curé de St Pal. Parrain : M. Vital Foucheran ; Marraine : Jeanne Foret, dame Dumolin. Claude Chandurge, recteur des pénitents, Jean Maisonneuve, vice recteur ; Mathieu Dorat, trésorier. Traduction : société du confalon(nom officiel des pénitents) de St Pal en Chalancon, je chanterai au seigneur un cantique nouveau, que retentisse sa louange dans l'assemblée des Saints.
On remarquera le nom de Claude Chandurge, qui réparait ainjsi le bris sacrilège de la cloche de sa confrérie, et celui de Jeanne Foret, dont le mari, Jacques Antoine truchard Dumolin, notaire, était en 1801, maire de St Pal depuis l'année précédente et s'appliquait à la tache difficile d'organiser la vie minicipale, et dont le second fils, romain, deviendrait le célèbre historien vellave que l'on sait.
Cependant la grosse cloche avait du souffrir de l'injure du temps et sa refonte s'imposait. Elle eut lieu en 1849, à l'initiative de M. Peyrard, l'un des curés les plus actifs que St Pal ait jamais eus, et la cloche repris sa place au clocher avec sa masse imposante de 1500 kilos. Voici son inscription :
Laudo deum verum, plebem voco, festa decoro, defunctos ploro, tempestates repulso. Mme Varagnat veuve Bransier et son fils Mathieu Bransier de Gachat, et le frère Philippe, supérieur général. Parrain : M ; jean Joseph Gabriel Martin, maire et notaire. Marraine : Dame Marie Virginie Dance, veuve Valleyre. Fondeur : Descharmes&Cie. Cette cloche a été refondue en 1849. M. Peyrard, curé. Traduction : Je loue le vrai dieu, j'appelle le peuple, je rehausse les fetes, je pleure les défunts, je repousse les orages. Cette devise, qui précise le rôle des cloches, se retrouve, à quelques variantes près, à travers toute la France, notamment, dans la région à Solignac sous Roche et à Beaune sur Arzon. Avant la révolution, on ajoutait parfois une 6ème fonction : congrero clerum « je rassemble le clergé », formule sans objet, depuis qu'il n'existe plus de société paroissial des prêtres.
La famille bransier de Gachat, à laquelle appartenait le frère Philippe, supérieur général des frères des écoles chrétiennes, se signalait, à cette époque, par ses libéralités religieuses. St Pal, on le voit, ne fut pas oublié. moins de 20 ans plus tard, deux autres cloches vinrent, coup sur coup, s'adjoindre aux précédentes. L'une, du poids de 600 kilos, fut installée en 1867. Elle nous renseigne, elle aussi, sur ses donateurs, ses parrain et marraine : cloche donnée par les prêtres de St Pal. M. M favier, Viou Michel, Chapot, Petit vicaire à Paris, Viou Remy, Viou Victor, Thavaud, Salette, Dantony curé de St Pal ; Cathaud, Lardon vicaires ; Bonnefoux, januel anciens vicaires. Parrain d'honneur : M. Peyrard chamoine, ancien curé ; parrain : Jean Claude Roux de Meallet ; marraine : Claudine peyroche de Boisset Bas. Fondeur : Jacob Holtzer et Cie
On remarquera, parmi les prêtres de St Pal, trois membres de la même famille : Michel Viou(1802-1885), curé de Bonneval puis retiré à St Pal et ses deux neveux : Remy (1821-1893) et Victor(1828-1908) qui moururent, le premier curé de Retournac, le second, curé de Retournaguet.
Enfin la 4ème cloche, du poids respectable de 900 kilos, date de 1870. L'inscription est plus brève : cloche donnée par la paroisse de St Pal. Parrain : M. Vital Odier de Lavaur ; marraine : Mme Madeleine Baleydier de Boisset-Haut. ; Dantony, curé ; Cataud et Lardon, vicaires. Lors de l'acquisition des deux dernières cloches, le clocher venait de subir d'importantes transformations, qui en avaient changé entièrement l'aspect : surélévation, installation de l'horloge et érection de la flèche.
Dans sa séance du 10 avril 1864, le conseil municipal, auquel s'étaient joints les plus fort imposés de la commune au nombre de 9, eut à délibérer sur l'emploi d'une somme de 1000francs, montant d'une surimposition destinée aux réparations des bâtiments de l'hospice, mais devenue sans objet, du fait que le prefet avait refusé le 28 octobre 1862 la fondation de l'hospice municipal, les ressources prévues étant à ses yeux nettement insuffisantes. Differentes propositions furent faites : on parla des réparations à effectuer à l'école, de l'achat d'une bascule, etc... Finalement le conseil décida de consacrer ces 1000 francs à l'achat d'une horloge, dont l'utilité parut incontestable. Le 15 mai suivant, M. M. Clauduis Dance et Alphonse Martin étaient chargés de s'occuper de cet achat. Ils s'y employèrent avec zèle et le 28 aout le conseil pouver approuver le convention passée avec M. Brossier, horlogiste à Lyon, au prix précédemment fixé. Un membre du conseil transmit alors à ses collègues une proposition du conseil de fabrique. Il serait souhaitable, expliqua-t-il, que l'horloge eut 4 cadrans, ce qui exigerait un exhaussement du clocher d'environ deux mètres. Or, le conseil de fabrique qui n'était pas alors un organisme purement honorifique serait disposé à se charger de cet exhaussement, à la condition que la municipalité allouât pour ce faire une subvention de 400 francs. Dans ce cas, la petite cloche servant de timbre à l'horloge serait placée dans le haut du clocher et affectée spécialement à la sonnerie de l'horloge.
Le conseil, jugeant cette proposition intéressante, l'adopta. Les cadrans, les minuteries et les accessoires de l'horloge resteraient à la charge de la commune.
Ce qui avait décidé fut fait. Dans sa séance du 20 novembre de la même année, le conseil municipal notait avec satisfaction que les travaux avaient été menés à bonne fin. Le conseiller qui s'était fait précédemment le porte parole de la fabrique intervint de nouveau. Ne serait-il pas d'un heureux effet, demanda-t-il, de surmonter le clocher ainsi rehausser d'une belle flèche ? L'opinion publique était toute acquise d'un projet de ce genre. Et justement, le conseil de fabrique ne cachait pas qu'il se chargerait encore de cette construction, pour peu que la municipalité l'y aidat. Une flèche haute d'une quinzaine de mètres, couverte d'ardoises, couterait dans les 3 000 francs. La commune ne pourrait -elle pas contribué à cette dépense pour une somme de 800 francs, la fabrique se chargeant du reste ? Le maire, Michel Gerphagnon, appuya vivement cette proposition, qui fut adoptée à l'unanimité somme prévue serait payable entre les mains du trésorier de fabrique en deux annuités de 400 francs chacune.
On n'aurait pas à chercher loin un architecte. L'abbé Lardon, l'un des deux vicaires, se piquait d'en être un des plus compétents, il venait de se charger de l'exhaussement du clocher. Un peu plus tard, il dressera le plan des travaux à effectuer pour convertir en école la maison Barou. Enfin, au début de 1870 oeuvre plus délicate et plus discutable aussi, il s'occupera d e la réfection, aux frais de la fabrique, de la nef nord de l'église, cela dans un style gothique en complet désaccord avec le reste de l'édifice.
La flèche ainsi construite, svelte, élancée, est incontestablement l'une des plus belle de la région, et elle ne manque pas de faire l'admiration des étrangers. A dire vrai, on a émis parfois quelques réserves à son sujet : Est-elle bien en harmonie avec la masse plus trapue de l'église et du château ? Vue de loin, ne détruit-elle pas l'unité de l'ensemble ? La direction des monuments historiques ne serait pas loin de le penser. Pourtant, elle s'est si bien intégrée, depuis plus d'un siècle, dans notre paysage le plus familier, elle fait si bien partie de St Pal que sa disparition créerait un vide, douloureusement ressenti par tous nos compatriotes. Nous ne pouvons donc que féliciter chaleureusement le conseil municipal dans les années 70 de s'être imposé les sacrifices nécessaires pour mener à bien sa réfection, une réfection qui lui redonne une nouvelle jeunesse.