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Le Village

Que le territoire de ST-PAL ait été fréquenté, voire habité, dés une époque fort reculée, la preuve nous en est fournie par l'existence ça et là de pierres à bassins, à sièges ou à coupes par la mise au jour, au siècle dernier, non loin des GRENOUILLOUX, des restes d'un dolmen, et surtout par la présence, au sud de PIEYRES, du Polissoir du rocher St-MARTIN, véritable atelier néolithique.

St-Pal lui-même, dressé de temps immémorial sur l'escarpement rocheux auquel il doit sans doute la forme primitive de son nom (si du moins, ainsi qu'il y a lieu de le supposer, celle-ci était bien PAL, comme elle l'était pour 1'ancienne capitale du BEARN aujourd'hui PAU), St-Pal devint à 1'époque carolingienne, le chef-lieu de l'une des vigueries entre lesquelles se répartissait le Velay.

De bonne heure, il dut avoir son château fort. Ce château, comme tous les autres, comportait un souterrain. L'issue s'en voit encore, parmi les rochers, dans un site particulièrement, bien choisi, sur la rive escarpée de CHANDIEU, au pied du village du BREYRE.

Dès le milieu du XIII° siècle, pour des motifs qui nous échappent, le château de ST-PAL était passé entre les mains de la déjà puissante famille de CHALENCON, dont le redoutable donjon surplombait, à quelque dix kilomètres, les gorges sauvages de l'ANCE. De là le déterminant "de Chalencon" entré peu à peu dans l'usage.

Le 12 avril 1264, agissant en cela en habiles politiques, soucieux de limiter les prétentions sur ses domaines des évêques du PUY, comtes Velay, soutenus par les rois de France, BERTRAND DE CHALENCON plaçait son château de St-Pal, son mandement et ses dépendances sous la suzeraineté de RENAUD, compte de FOREZ.

Une cour d'appel fut alors établie par le comte à BOST-BUISSON, ou plutôt à BOST-JAUFFREY, (les deux villages ayant été ensuite réunis en une seule dénomination) à l'usage des paroisses vellaves rattachées au Forez. Elle s'y trouvait encore en 1407 ; elle fut transférée ensuite au CHAUFFOUR, paroisse d'ESTIVAREILLES, puis en 1665 St-BONNET-LE-CHATEAU. Entre temps, le rattachement juridictionnel au Forez était devenu définitif par acte de Louis XI. Désormais, c'est de cette province que, tout en restant paroisse du diocèse du PUY, St-Pal partagera les destinées jusqu'à la Révolution.

A cette époque, l'intervention de François Marie de VISSAGUET sera à l'origine de l'intégration, à maints égards regrettables, de la commune dans le département de la Haute-Loire, tandis que, mieux avisés, USSON et APINAC choisiront de faire partie de la Loire.

La seigneurie de St-Pal était, par ailleurs, beaucoup plus vaste que la paroisse. En 1163, elle avait l'étendue d'un petit canton. Plus tard, elle englobait encore, outre quelques villages d'APINAC, toute la rive gauche de l'ANCE, des FONDS à LAPRAT.

Par contre, trois villages, BOST-JAUFFREY, BOST-BUISSON, et la MONTZIE, ainsi qu'une partie du BES relevait de la châtellenie de St-BONNET. Ce fait, au premier abord assez surprenant, résultait d'une transaction, survenue peu avant 1300, entre Bertrand de CHALENCON et le jeune comte Jean qui, à sa majorité, avait engagé contre son tuteur une action en reddition de comptes.

Les lieux habités dépendant de la châtellenie de St-BONNET constituaient, au point de vue fiscal, la parcelle de St-PAULET, le reste de la paroisse forme celle de St-Pal. Cette distinction resta en vigueur jusqu'au Consulat. Non seulement le titre officiel de la commune fut, durant plusieurs années, celui de Commune de St-Pal et de St-PAULET, mais les premiers budgets municipaux notent séparément les contributions des deux parcelles. Cependant, le château primitif tombait de vétusté. A la fin du XV° siècle, un autre Bertrand de CHALENCON, évêque de RODEZ, le fit reconstruire à ses frais, au profit du cadet de la famille, Louis, qui venait d'épouser une riche héritière, Antoinette de ROCHEBARON, à charge, pour leurs enfants, de relever le nom et les armes des ROCHEBARON.

De ce château, conçu dans le goût des débuts de la Renaissance, une partie sert actuellement de presbytère. On y admire notamment une magnifique cheminée en pierre de taille de 7 mètres de long, dans la vaste salle ogivale du rez-de-chaussée, ainsi que l'escalier d'honneur du donjon, qui ne comporte pas moins de 86 marches de pierre et dont les sculptures s'épanouissent au sommet en de remarquables feuilles de palmier.

On comprend aisément, dans ces conditions, que les ROCHEBARON de la seconde race aient souvent préféré le séjour de ce château princier, aux murs recouverts de somptueuses tapisseries, à leur vieux nid d'aigle féodal de ROCHEBARON. C'est dans ce cadre notamment que l'on peut évoquer, vers le milieu du XVII° siècle, la pure et mélancolique figure de celle qui sera irrévocablement la dernière de ce nom, cette Haute et puissante Dame Antoinette de ROCHEBARON, dame baronne de ROCHEBARON, St Pal, TIRANGES, AMBERT, MONTAUROUX, le CHAMBON, St Denis et autres places, comtesse de GONDRAS, dont le vaste horizon qu'indéfiniment elle contemple de sa salle haute sera impuissant à fermer la blessure secrète ouverte en son coeur par l'atroce drame de famille.

A sa mort, la terre de St-PAL revint à sa filleule et petite-fille Antoinette de POLIGNAC. Mais celle-ci, en prenant le voile, vers 1665, chez les Carmélites de la rue du Bouloi, à PARIS, fit cession de tous ses biens à son père, le vicomte Louis de POLIGNAC, à charge pour lui de verser au Carmel une dot royale de 75 000 livres.

Cependant, les POLIGNAC ne gardèrent pas longtemps cette seigneurie. Une cinquantaine d'années plus tard, pour subvenir aux dépenses considérables qu'entraînait la vie à la cour, ils se trouvaient dans l'obligation de la vendre. Elle passa, dés lors, de mains en mains, pour aboutir, à la veille de Révolution, entre celles de Marie-Louise de BESSE de la RICHARDIE, épouse de Jean Hector de GENESTET, comte de St Didier.

Il est, probable que la reconstruction du château au début du XVI° siècle s'était accompagnée d'une réfection au moins partielle de 1'enceinte fortifiée du bourg ; Il en subsiste encore deux tours et trois portes, dont les plus anciennes, celles du Nord et celle du Sud sont classées.

Il est probable aussi que c'est à la munificence de ce même Bertrand, évêque de RODEZ, que ST-PAL est redevable de trois de ses plus belles oeuvres d'art : la Vierge de pitié de l'église, qui figurait autrefois dans la chapelle du château, la magnifique Croix de LUROU, à double face sculptée, sur le chemin de St-Pal à CHALENCON, par BOISSET-HAUT, et le groupe en pierre polychrome de LORETTE (la Vierge l'enfant et deux anges) sur le chemin reliant ST-PAL à TIRANGES, autre possession des CHALENCON.

Lorsque survinrent les guerres de religion, le bourg se trouvait en sécurité : quels assaillants n'auraient jamais osé se mesurer avec ses puissantes tours, ses redoutables créneaux ? Ce fut contre les paisibles habitants des hameaux que les bandes protestantes tournèrent leur fureur. Dans nombre d'entre eux tout fut pillé, saccagé, détruit, à telle enseigne que l'économie rurale en resta bouleversée durant des siècles : complètement ruinés, beaucoup de paysans durent se résigner à vendre leurs terres à bas prix à des bourgeois de St-Pal, quitte à ne plus les travailler désormais qu'en qualité de fermiers.

A l'inverse, c'est à St-Pal même que la Révolution porta un coup fatal. La société cultivée que groupait toute importante seigneurie, procureurs d'office, avocats, juges lieutenant,... se dispersa ; des familles d'excellente bourgeoisie émigrèrent ; la fabrique de bas de soie créée par les MAISONNEUVE et les GARON ferma ses portes. Le comte et la comtesse de St-DIDIER périrent tragiquement sur l'échafaud ; leurs biens furent confisqués. S'en était fini des brillantes réceptions et des fringants équipages d'autrefois.

Par contre, tout au long du XIX° siècle la population et les ressources des villages s'accrurent sensiblement. Puis tout changea avec le développement de l'industrie. L'exode vers les villes que les pouvoirs publics n'ont jamais rien fait pour enrayer, tout au contraire, l'injustice flagrante dont se sent victime la classe paysanne amènent lentement la mort de nos campagnes naguère si vivantes.

Et St-Pal, abandonné par trop de ces fils, n'est plus désormais qu'une modeste bourgade, offrant mélancoliquement quelques vestiges de ses fastes d'antan au visiteur qui longe les puissants soubassements de ses murailles ou laisse s'égarer ses pas sous les voûtes ombreuses de vieilles portes.

Site de Saint Pal de Chalencon (43500)
réalisé par Fabien PRORIOL
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